LEGENDE : SOCRATES, LE DOCTEUR
Il a marqué l’histoire du foot et du Brésil. Son jeu était d’une précision chirurgicale. Sur le terrain comme en dehors, il prenait toujours soin des gens et de ses coéquipiers.
Fils d’un ouvrier devenu inspecteur fiscal, Socrates fréquente la meilleure école de la ville de Sao Paulo et fait ses débuts au club de Botafogo. Rapidement, sur les terrains de foot, il se trouve confronté à l’autre Brésil, celui de ses coéquipiers souvent pauvres et d’origines diverses. Cette différence façonnera ses combats à venir.
Dans la vie de Socrates, l’ambition de devenir docteur est aussi très forte. Il obtient sa licence de médecine, mais au pays du football roi, il n’est pas facile de renoncer. Il se hisse rapidement au meilleur niveau et rejoint les Corinthians, l’autre grand club pauliste, dont il devient capitaine.
Très grand, 1,92 m, ce milieu offensif reste relativement fragile. Pour compenser son manque de puissance, il développe une technique basée sur la créativité, la feinte et l’originalité des passes, notamment ses talonnades magiques.
DOCTEUR-BRESIL
Socrates est aussi le capitaine de la Seleçao où il forme en 1982 avec Zico, Falcao et Eder l’une des plus belles équipes nationales du Brésil.
Proche du football total hollandais, cette identité de jeu est baptisée par Socrates « le chaos organisé », car il est difficile de fixer des règles à de tels artistes, fidèles à la folie de l’improvisation.
Lors du match d’ouverture de la Coupe du monde 1982, il marque un but fantastique face à l’URSS et à Dassaiev, l’un des meilleurs gardiens du monde. S’ils ne remportent pas les Coupes du monde de 82 et 86, au niveau du jeu, les Brésiliens sont les meilleurs du monde. Quelle équipe !
NAISSANCE D’UNE LÉGENDE
En bon capitaine et philosophe, Socrates donne sa vision du foot :
Il existe une tendance à valoriser le succès et les résultats plutôt que l’art et la beauté. C’est donc logique de vouloir gagner, mais moi je vois la défaite d’un point de vue positif…
L’image de Socrates est aussi celle d’un homme engagé: il porte parfois des bandeaux munis d’un message puissant comme « Justice », « Non à la terreur » et « Non à la violence ». Il fait naître un mouvement au sein de son club baptisé « la démocratie Corinthiane ». Désormais, c’est le vestiaire (joueurs et entraîneurs) qui décide par le vote les orientations que le club doit prendre ! Ce mouvement va inspirer la société brésilienne après la dictature militaire.
Pour Socrates, un joueur est plus libre et plus heureux s’il vit sa vie avant d’entrer sur le terrain…
Le docteur Socrates avait déclaré : « Je veux mourir un dimanche, le jour d’un titre pour les Corinthians ». Le dimanche 4 décembre, à 57 ans, il s’éteint et, quelques heures plus tard, son club est sacré champion du Brésil.
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