LA PANTHERE NOIRE
Joueur à la carrière exemplaire, il a connu l’Equipe de France à 142 reprises. Un record ! Le champion du monde 1998 est aussi un homme engagé dans la lutte contre le racisme.
Vingt et un ans après sa célébration avec le doigt sur la bouche est restée légendaire. En un instant, Lilian Thuram devient le héros de toute une nation ! Il n’en revient toujours pas d’avoir inscrit un doublé contre la Croatie en demi-finale de la Coupe du monde 1998 (2-1). Cette « anomalie » qualifiera l’équipe de France pour la finale.
Qui aurait misé sur lui pour faire la différence alors qu’il n’avait jamais marqué en Bleus ?
Du rêve a la réalité
Né en Guadeloupe, il évoque une enfance heureuse : « Une vie simple, faite de parties de football dans la rue, de courses avec les copains sur les plages de sable, de frasques d’écolier. » Puis à l’âge de 9 ans, il quitte son île avec ses frères et sœurs pour rejoindre sa mère à Bois-Colombes (92). Elle y travaille déjà depuis un an comme femme de ménage.
À peine arrivé, il reçoit les premières blagues racistes comme un appel à mener son combat contre la bêtise humaine.
« Je me demandais pourquoi la couleur blanche est associée au bien et la couleur noire au mal ? ».
Cadet national à Melun (il s’agit d’un championnat de France pour les 15-16 ans), Lilian prometteur est dragué par des clubs professionnels de football. Mais il a la tête aux études et préfère d’abord passer son bac. À 17 ans, le moment est venu de rejoindre le centre de formation de l’AS Monaco.
De 1991 à 2008, Thuram va écrire son histoire en évoluant au poste de défenseur, d’abord à Monaco.
Au pays de la défense
Il s’expatrie en Italie, à Parme, en 1996, où il forme avec Buffon et Cannavaro un mur infranchissable. Les trois copains continueront leur carrière ensemble, puisque la Juventus recrute les trois pour constituer sa base défensive !
À la Juve, il y retrouve un certain Zidane, en 2001, devenant le joueur le plus cher du monde, effet mondial 98 assurément. Pour la petite histoire, lors de cette compétition, Thuram s’affirme comme le meilleur arrière droit du tournoi. Alors même qu’il évolue comme un défenseur central en club !
En Italie, il reçoit les éloges du prestigieux journal la Gazetta dello Sport après avoir été élu meilleur joueur du match du Trophée Luigi Berlusconi face au Milan AC. On peut lire : « C’est le Zidane de la défense, et pas seulement parce qu’il est français. Classe, personnalité et grinta : c’est le meilleur. »
C’est dans ce pays qu’il sera surnommé « Pantera Nera » (panthère noire). Pour cette faculté à jaillir et bondir sur ses proies, les attaquants adverses, sans leur laisser le moindre espoir de s’échapper.
Entrée dans la légende
Et plus rien n’arrête son talent : avec les Bleus, il remporte aussi le Championnat d’Europe 2000 et dispute une autre finale de Coupe du monde en 2006 !
Autre exploit à mettre à son palmarès, qu’il partage avec le quatuor défensif de l’équipe de France, Lizarazu, Blanc, Desailly et Barthez dans les buts : il ne perd pas un match entre juin 1996 et septembre 2000, soit 21 victoires et 7 nuls en 28 rencontres.
Enfin, en 2006, il rejoint le FC Barcelone pour deux ans et met fin à sa longue carrière en 2008, il est alors âgé de 36 ans !
Dans la foulée, il crée en 2008 la fondation Lilian Thuram-Éducation contre le racisme pour dire cette vérité : « On ne naît pas raciste, on le devient. »
par Franck Paquet-Durand / © DR / Journal Petit Pont
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